White Stupa
Je ne pouvais pas envisager de quitter la Mongolie sans avoir visité l’emblématique désert de Gobi ! J’ai donc réservé une place pour un tour organisé dans le désert de Gobi. Le départ se fait à Oulan-Bator dans un petit van russe. Ce véhicule quatre roues motrices est connu pour sa robustesse à toute épreuve. Et c’est tant mieux car il est impossible de visiter le désert de Gobi sans quitter le bitume. C’est pour cela que je suis passé par une agence de voyages locale. L’excursion coûte environ 400€ pour 7 jours de voyage (tout compris) . Un trou dans mon budget que je ne regrette absolument pas !
Nous sommes 7 dans le van : un chauffeur, une guide, un futur guide (en formation), une Philippine, un couple d’Irlandais et moi-même. Comme ce n’est pas encore la pleine saison, il reste 2 places libres.
Nous parcourons 400 km vers le sud. Petit à petit les paysages évoluent et la steppe laisse place aux immenses champs de pierres. Les plaines commencent à exprimer leur caractère désertique. Hormis une poignée de yourtes et quelques animaux, ici il n’y a rien. Nous croisons les premiers chameaux aux portes du désert.
Les paysages sont infinis. Les majestueuses plaines de terre battue semblent former un océan sur lequel flottent quelques maigres pousses d’herbe…
Après plus de 10 heures de route, nous quittons le bitume pour rouler sur des pistes rocailleuses. Le van est parfaitement à son aise sur ce type de terrain et fonce à plus de 60 km/h. Malgré le fait que le véhicule soit conçu pour la conduite hors route, ça secoue beaucoup ! Mais c’est assez amusant ! Après 30 km, nous arrivons à White Stupa. Selon les scientifiques, il y aurait eu une mer plusieurs millions d’années auparavant. La vue est magnifique.
Nous assistons à un beau coucher de soleil. Puis nous rejoignons une famille de nomades pour passer la nuit sous une yourte.
Juste avant d’aller dormir, nous assistons au lever d’une « super lune ». La lune d’un jaune pâle occupe une grande place sur l’horizon.
Yol vallée
Un bon petit déjeuner dans le ventre et nous reprenons la route ! Nous passons une bonne partie de la journée à rouler au milieu du désert de Gobi. En effet, celui-ci est reparti entre la Chine et la Mongolie. Il représente un 1/3 du territoire Mongol : c’est énorme ! En superficie, cela correspond à 1,5 fois la France et je ne parle pas de la partie Chinoise.
Quand on entend le mot « désert », on pense systématiquement aux dunes de sable fin. Le désert de Gobi est un désert assez varié. En effet, aujourd’hui nous marchons dans une étroite gorge (Yol vallée) jusqu’à une petite cascade gelée. La température est idéale, il ne fait ni trop chaud ni trop froid.
(oui nous sommes bien dans le désert de Gobi!)
Ensuite, nous nous rendons dans une autre gorge pour marcher sur de la glace au cœur des montagnes. Le passage est relativement étroit : moins de 5m de large et des immenses montagnes de chaque côté. Nous ne pourrons pas aller jusqu’au bout de la marche car la glace fondante rend la randonnée trop dangereuse.
Durant la soirée, notre guide nous apprend un jeu Mongol. Celui-ci se joue avec des os de chèvres. L’os à quatre faces qui représentent quatre animaux (cheval, chameau, chèvre, mouton). Le jeu consiste à ce que deux os d’un même animal se percutent à l’instar de billes.
La dune qui chante
Au programme 200 km de pistes désertiques. En Mongolie on ne parle pas de la durée d’un voyage mais de sa distance (on ne sait jamais ce qui peut arriver). Nous mettrons plus de 5h à parcourir cette distance. Cinq heures sur un terrain désertique et plat. Enfin, à vue d’œil ça paraît plat, mais c’est en réalité un champ de petites bosses. Inutile de vous dire que ça secoue !
Précédemment, je vous ai dit que le désert de Gobi était très varié. La preuve aujourd’hui, nous sommes au pied d’une immense dune longue de plus de 300 km. Chacun à son rythme gravit les 250 m de la dune pour atteindre le sommet. C’est épuisant car à chaque pas le sable s’affaisse sous nos pieds, on a l’impression de faire du sur-place. Mais nos efforts sont récompensés, au sommet la vue est tout simplement splendide !
Comme que je suis un peu en avance par rapport aux autres voyageurs, j’en profite pour m’éloigner un peu plus. Je suis seul au milieu des dunes, pas de bruit juste le vent qui souffle, j’adore ! Il fait chaud mais c’est supportable.
La dune que nous venons de gravir se nomme : « La dune qui chante » et pour cause, le bruit du vent sur celle-ci forme un son particulier. Il ressemble au bruit d’un hélicoptère. Le chant de la dune n’est pas continu, on peut l’entendre seulement de temps en temps. Avec le son, le sol vibre légèrement : c’est super !
Nous logeons non loin de la dune chez une autre famille de nomades. Quotidiennement, nous dormons sous une yourte (appelée « ger » en Mongol). Ce sont des familles nomades qui installent une yourte supplémentaire à leur campement pour pouvoir héberger des touristes. D’ailleurs ces familles qui ont fait du tourisme un gagne-pain supplémentaire sont plus riches que celles que j’ai pu voir durant mon expérience. Ici, les yourtes sont très bien décorées, la télé est récente, les meubles sont propres, il y a même un frigo et parfois une machine à laver ! Rien à voir avec la yourte que j’ai pu voir lors de mon expérience dans les montagnes où il n’y avait que le strict minimum.
Chaque soir, je m’éloigne un peu pour admirer le coucher de soleil. Ce soir-là, il est particulièrement beau avec la dune en arrière-plan. J’ai parfois l’impression d’être sur une autre planète, dans un autre monde quand je contemple l’horizon.
Flaming Cliffs
Ce matin, nous devons commencer la journée avec une petite balade en chameaux au pied des dunes de sable. Mais, au moment de sortir du mini-van, l’Irlandaise s’aperçoit qu’il y avait un scorpion sur son siège. Il ne bouge pas. Je me méfie. En effet, quand nous commençons à essayer de le faire sortir : il bouge ! Nous le mettons dehors en faisant attention à ne pas le toucher avec les mains.
Après ce petit incident sans gravité, nous faisons une petite promenade à dos de chameaux.
Nous avons de la chance, notre chauffeur Jargal est le plus expérimenté de la compagnie. Du coup, il nous amène parfois dans des lieux inconnus des autres chauffeurs. Ainsi, nous avons pu admirer ce genre de lieu encore à l’abri des touristes.
Ensuite, nous continuons à nous enfoncer dans ces paysages infinis. Aujourd’hui, nous rejoignons Flaming Cliffs. Il n’y a rien à perte de vue Je commence vraiment à me sentir dans un désert. Flaming Cliffs c’est un ensemble de falaises venant casser l’infinie continuité des plaines désertiques. C’est ici que de nombreux œufs et os de dinosaures ont été trouvés au 20ème siècle.
Nous apercevons à quelques rares occasions des gazelles qui courent au milieu des plaines désertiques.
Ce soir-là, nous nous arrêtons dans une famille un peu particulière. En effet, celle-ci ne possède pas d’animaux. Cette famille est chargée de l’irrigation d’une plantation d’arbres. Ces arbres qui ressemblent plus à des arbustes sont plantés ici par le gouvernement pour stopper l’avancée du désert. Par ailleurs, ce bois brûle très longtemps à l’instar du charbon. Et pour cause, ce sont des arbres très rustiques qui mettent beaucoup de temps à pousser. Ils développent parfois des formes étranges.
Je me promène dans la plantation : c’est magnifique. Autour de moi je ne distingue plus aucune trace humaine : je me sens bien ici. Je passe mon temps (qui n’a plus aucun sens en ce lieu) à observer au loin les chameaux et à écouter le bruit du silence.
Quand on rencontre une famille dans le désert, la tradition veut que le père partage du tabac à priser avec les invités. Celui-ci est contenu dans une petite fiole. Il faut en mettre un peu sur le dos de son pouce et le sniffer. C’est agréable parce que l’odeur reste pendant quelques minutes.
Ce matin, je me réveille à 5h30 pour admirer le lever du soleil. C’est dur, il y a le froid, la fatigue, mais ça vaut le coup !
Monastère d’Ongi
Encore de la piste, cela fait 2 jours que nous n’avons pas vus une seule goute de goudron. Nous roulons environ 200 km par jour, cela fait beaucoup de temps passé dans le véhicule. Mais au fond je crois que c’est ce que je préfère dans un voyage : être en éternel mouvement, scruter l’horizon, voir les paysages évoluer, ne pas savoir ce que je verrai dans les prochaines minutes, dans les prochaines heures. Quelles nouvelles choses vais-je voir, entendre, découvrir, quand nous serons arrivés? À cet instant-là, tout est possible.
Je suis inspiré par ces paysages.
Il y a quelque chose qui m’attire dans les déserts. Ce que j’aime chez eux c’est la forme parfaite des collines à l’horizon, la pureté de l’air, l’authenticité du lieu, la force du vent et la beauté des terres infinies.
Nous visitons les ruines d’un ancien monastère (monastère d’Ongi). Détruit lors de l’occupation soviétique. Plus de 1000 moines pouvaient vivre ici. J’imagine la vue que devaient avoir ceux-ci depuis la colline qui surplombe le monastère.
Dès les premiers jours de ce parcours, je me suis aperçu du décalage qu’il y a entre moi et les autres touristes. En effet, je me suis habitué à la culture Mongole, à leur façon de vivre, de manger, de dormir, etc… Jusqu’à présent je ne m’en été pas rendu compte. Mais j’ai vite réalisé ce que j’ai acquis en observant mes compagnons de route. Le soir, leur unique rêve est de prendre une douche, ils ne sont pas habitués à la nourriture traditionnelle (qui est assez grasse il faut l’admettre) et ils ont du mal à finir leur bol de thé. Moi pendant ce temps, je me régale à finir leur assiette et à boire le thé Mongol (que j’adore)!
Kharkhorin
Finalement, nous quittons le désert de Gobi et entamons notre retour vers Oulan-Bator.
Nous arrivons à Kharkhorin ancienne capitale de la Mongolie fondée par Gengis Khan au début du XIIIème siècle. Nous sommes à 360 km d’Oulan-Bator. Ansi, nous découvrons le monastère d’Erdene Zuu.
Ce soir, la famille chez qui nous logeons habite au pied d’une petite montagne que je m’empresse de gravir.
Encore une belle journée qui se finit par une merveilleuse balade à cheval. Le cheval est moins paresseux comparé à celui-ci que j’avais l’habitude de chevaucher dans les montagnes. J’arrive à le faire galoper !
Comme c’est le dernier soir, nous buvons de la vodka faite à partir d’un arbre qui pousse exclusivement dans le désert de Gobi. Impossible de trouver ce produit en dehors du désert. Celle-ci est relativement peu alcoolisée (~24%).
Les femmes et les hommes discutent chacun de leur côté (ce n’est pas une tradition, c’est plutôt lié aux différents centres d’intérêt) . C’est intéressant, car cette fois quelqu’un est là pour traduire, je peux discuter avec le nomade. Celui-ci est profondément amoureux de son mode de vie même s’il n’en demeure pas moins difficile.
(de gauche à droite : l’Irlandais, le nomade, notre apprenti guide qui fait la traduction et moi-même)
Si vous êtes intéressé, c’est la compagnie Sunpath Mongolia qui organise ce tour. Celui-ci est certes un peu cher, mais ça vaut vraiment le coup, je le referai volontiers !
Objectifs
Il paraît qu’il faut toujours dépasser ses objectifs.
J’ai envie d’aller voir l’Indonésie et comme mon budget me le permet, je fonce ! J’achète mes billets d’avion une semaine à l’avance. Il n’y a pas de vol direct Oulan-Bator -> Jakarta (Mongolie-Indonésie), je dois faire une escale à Pékin. Et depuis quelques années, il est possible d’obtenir un visa de transit valable jusqu’à 114h pour visiter les grandes villes Chinoises dont Pékin. Le visa ne nécessite pas de démarches préalables, tout se fait à l’aéroport et c’est gratuit. C’est parfait pour moi qui voulais avoir un aperçu de la Chine sans avoir besoin de faire des quantités de « paperasse » pour obtenir un visa classique. Du coup, je fais une halte de 3 jours à Pékin !
Avant de partir
J’ai du temps libre devant moi, je me rends dans un parc d’Oulan-Bator avant d’aller à l’aéroport. Il y a des gens qui jouent aux échecs. Certains passants s’arrêtent pour regarder la partie. Cela rassemble tout type de gens : des jeunes aux plus âgés, des moins aisés aux hommes d’affaires. J’aime bien cette ambiance, les gens prennent le temps de s’arrêter, de discuter, de regarder : ici tout le monde est égal.
Je regarde une partie quand un vieux monsieur m’aborde : il veut faire une partie. Il gagne, mais au bout d’une dizaine de minutes, mon honneur est sauf. En effet, lors de mon séjour dans les montagnes j’avais joué contre un enfant de 5 ans et à chaque fois il me battait en 3-4 coups… (il faudra que j’apprenne à jouer pour de vrai ! )
J’ai connu quelques turbulences lors de mon arrivée en Mongolie, mais c’est dans le calme et la bonne ambiance que ce sera déroulé mon dernier jour.
Embarquement terminé, je m’envole vers Pékin !
Quel beau récit d’où émanent beauté des paysages, poésie et spiritualité. Tu as le regard émerveillé de l’enfant qui savoure l’instant présent en contemplant la nature. C’est formidable !
Encore un formidable récit, c’est passionnant. Bises. Marie-Jo et Régis.
Merci, merci Timothée on entends vibrer ton âme; Ne t’arrête pas !!
Merci Timothée de partager tous ces moments uniques et magnifiques avec nous ! On a vraiment l’impression d’y être. Tu écrits avec ton cœur, c’est formidable !
Bises et continue à croquer la vie de cette manière !
Ana et Thierry (parents de Charlotte et Zoé)
Merci Timothée pour ce partage qui témoigne ton regard et ton ouverture pluridimensionnels !!! Que du bonheur à te lire, à voyager avec toi ! Braaaaavoooooo!
Gros bisous des Fabre
bonjour , tu nous fais bien ressentir le cal me et l’ immensité du désert propre aux méditations . tu es un tres bon compteur. pour les échecs je t apprendrai qund on se verra . Josi colombo