À la recherche d’un stage à l’étranger
Depuis mon retour à la vie d’un étudiant « normal », j’attendais ce moment avec impatience : la mobilité à l’étranger. En effet, je dois effectuer un stage de 5 mois dans une entreprise étrangère pour valider mon diplôme d’Ingénieur d’Affaires. Des idées de voyages exotiques fusent dans ma tête : la Namibie, la Tanzanie, l’Australie , la Nouvelle-Zélande, …. J’envoie des centaines de CV dans ces pays où je rêve de mettre les pieds. J’étudie aussi un tas d’aventures qui pourraient s’offrir à mon âme de voyageur. Mais en mars 2021, je dois me rendre à l’évidence. Ce micro-organisme à 5 lettres que l’on regardait de loin avec un brin de moquerie envers nos voisins les Chinois a lui aussi décidé de voir du pays.
Les circulaires de notre école laissent entendre que trouver une entreprise d’accueil à l’étranger sera un vrai challenge. C’est alors que je décide de restreindre mes recherches en Europe avec un brin de tristesse. Finalement, c’est à Amsterdam aux Pays-Bas que je trouve une entreprise prête à m’accueillir.
Le pays des vélos
Je loge dans le sud d’Amsterdam dans le quartier de Diemen. Dès mon arrivée je remarque que les rues sont propres, que les espaces verts sont bien entretenus et que les pistes cyclables sont partout ! Je déniche rapidement un vélo hollandais d’occasion. Un peu d’huile de coude et quelques rayons changés me permettent d’obtenir un moyen de locomotion à moindre coup. C’est ainsi que tous les matins je me rends au travail en vélo, partageant les pistes cyclables avec une multitude de personnes qui ont aussi choisi ce mode de transport. Il faut dire que la municipalité d’Amsterdam a mis son grain dans la pâte. En effet, elle taxe par différents moyens les habitants possédant une voiture. Qu’il pleuve, qu’il vente, ou qu’il neige, le vélo est de rigueur. Il suffit juste de s’équiper d’un bon poncho ! Il faut dire que tout est prévu pour ces petits véhicules à deux roues : pistes cyclables, feux pour traverser les routes, immenses garages (certains sont même couverts !)
Les Amstellodamois
Un autre fait marquant lorsque l’on débarque dans cette capitale de 850 000 habitants: ce sont les mentalités. On sent qu’ici règne une valeur dominante : le respect. Les vols sont peu nombreux (hormis quelques vélos laissés sans cadenas par les touristes), la police est bienveillante, les esprits sont ouverts et la tolérance est suprême. Les discriminations sont minimes et cela ne choque personne de voir une hôtesse de caisse porter un voile.
Forcément, cette éducation se retranscrit dans les lieux publics où il y a très peu de déchets et où les crottes de chien sont systématiquement ramassées. J’ai même eu le plaisir d’observer un père avec sa fille, ramasser les déchets laissés par terre dans un parc. La fillette était contente de participer à cette chasse au trésor à priori banale, mais qui en dit beaucoup sur la culture néerlandaise. Et cette éducation indirecte pousse le cercle vertueux à élever des personnes de plus en plus responsables. Je m’amuse aussi à voir que la tolérance est contagieuse au point de se répandre aussi sur les animaux de compagnie. En effet, il est fréquent de voir des dizaines de chiens jouer ensemble dans les grands espaces verts pendant que leurs maîtres discutent les uns les autres.
Il faut aussi noter que la maîtrise de l’Anglais est de rigueur. Peu importe la personne que j’ai eu à interroger pendant mon séjour : enfants, adultes, cadres, salariés. Tous savent s’exprimer dans un anglais quasiment parfait !
Le grand village
Cela fait plusieurs fois que je parle d’espaces verts. Et il est vrai qu’Amsterdam est parsemé de canaux et de parcs. Au point que parfois j’oublie que je me situe dans une grande capitale. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le surnom d’Amsterdam est: « le grand village ». Car vous l’aurez compris, Amsterdam est le parfait mariage entre la vie animée d’une grande ville et la nature de la campagne. En effet, les canaux sont l’habitat de nombreux animaux : cygnes, canards, hérons et même perruches ont trouvé refuge dans ce petit paradis.
Les parcs ainsi que les lieux publics en général sont extrêmement bien aménagés. La municipalité est sans arrêt en train de faire de petits travaux pour conserver ce cadre de vie exceptionnel. On trouve dans tous les quartiers : des aires de jeux pour les enfants, des parcs de street workout pour les sportifs, des sacs de frappes pour ceux qui ont besoin de se défouler et des barbecues pour les week-ends ! D’ailleurs, les Néerlandais adorent faire des pique-niques et passent leur journée dans les parcs à la moindre éclaircie.
Architecture néerlandaise
En ville, on ne peut qu’admirer l’architecture néerlandaise avec les maisons aux multiples couleurs. Chaque habitation traditionnelle est ornée d’un pignon sur lequel est fixée une poulie (elle permettait autrefois de hisser toute sorte de marchandises dans les maisons). D’ailleurs, c’est pour cette même raison que toutes les maisons sont légèrement inclinées vers la rue. En plus de permettre de hisser des marchandises volumineuses, cela permettait un léger gain de place. Les avantages d’avoir une façade inclinés ont tellement plu aux habitants qu’ils ont augmenté les angles d’inclinaison au point d’oublier certains principes physiques rudimentaires. Ainsi, après que certaines maisons se soient écroulées, le gouvernement a régulé cette pratique, n’autorisant les façades à ne dépasser que de quelques centimètres.
En plus de ces façades qui penchent vers l’avant, on peut constater que certaines maisons semblent jouer les tours de Pise. Cette fois, l’explication réside dans la topographie d’Amsterdam. En effet, la ville est un vaste marécage constitué de plusieurs couches de sables et d’argile. Afin de bâtir des habitations stables, on utilisait autrefois des poteaux de bois enfoncé dans le sol. Certains se sont dégradés avec le temps, rendant les maisons bancales.
Ville de la tolérance
On ne peut décrire Amsterdam et sa tolérance sans évoquer deux autres de ses clichés : la drogue et la prostitution. Lorsque l’on se rend depuis Central Station (la gare centrale qui fut bâtie à l’instar d’un palais) vers Dam square, on marche dans une grande avenue jonchée de touristes au-dessus de laquelle plane un nuage de fumée. Cette odeur caractéristique du canabis se retrouve fréquemment dans les petites rues piétonnes et devant les Coffeeshop. S’il est vrai que certains Néerlandais consomment régulièrement de ce cette substance, ce sont surtout les touristes qui permettent à cette économie d’être profitable.
Quant à la prostitution, celle-ci est cantonnée au fameux quartier rouge. C’est ici, où les femmes en tenues légères exhibent leurs corps à travers les vitrines signalées par des néons rouges. Il y a un musée qui explique les origines et le cadre légal de ce qui est considéré comme l’un des plus vieux métiers du monde. Je suis surpris de constater qu’une église se dresse au milieu de ce quartier. Mais d’après le musée, la prostitution n’aurait pas été rejetée par l’église, car elle permettait de remplir le confessionnal… Pas de filtres, de tabous ou d’hypocrisie déguisée, la ville d’Amsterdam est fidèle à son image.
Les USA à la sauce européenne ?
Amsterdam est donc une ville ouverte où il fait bon vivre. D’ailleurs, les mentalités me font un peu penser à celles des Américains que j’avais eu la chance de côtoyer durant mon Tour du Monde Spontané. C’est un peu le rêve américain à l’Européenne où les personnes sont libres de faire ce qu’elles souhaitent tant que cela n’entre pas en conflit avec autrui.
Il est souvent fait l’amalgame entre liberté et obéissance, mais je ne pense pas que les deux soient incompatibles. En effet, je pense que c’est même le contraire. Lors de la seconde vague du COVID-19, le port du masque est devenu obligatoire dans les magasins aux Pays-Bas. Le lendemain de l’annonce, tous respectaient la nouvelle réglementation. Ce qui nous a permis d’éviter un second confinement et d’être libres de se promener et de voyager pendant le week-end*. Venant d’un pays où il est coutume de se révolter au moindre changement, je me demande si finalement on ne gagnerait pas plus de liberté en respectant les règles? Bien sûr, tout est une question d’appréciation et de juste milieu.
*mon stage s’est déroulé d’aout 2020 à décembre 2020 et je n’étais plus aux Pays-Bas lors des dernières manifestations que nous avons vues dans les médias.
Vivre à Amsterdam pendant la crise sanitaire ?
Durant tout mon séjour, j’ai eu la chance de ne jamais vraiment être confiné. Nous avons cependant dû privilégier le télétravail vers mi-novembre, ce qui m’autorisait à aller au bureau la moitié de la semaine. Le masque n’a été obligatoire dans les lieux publics qu’à partir de novembre et je n’ai eu aucune restriction concernant mes déplacements. Du coup, j’en ai profité pour me déplacer dans les environs. D’autant plus que le réseau ferroviaire est bien développé. Je me suis rendu à Utrecht connu pour son quartier médiéval, mais aussi à Zandvoort, ville balnéaire où les Amstellodamois aiment bien passer le week-end.
J’ai aussi profité de mes deux petites jambes et du vélo pour partir à l’assaut de la péninsule Nord de la Hollande. Petite parenthèse : la Hollande est une région des Pays-Bas, c’est pourquoi beaucoup de Néerlandais n’aiment pas être appelés Hollandais. Cela reviendrait à appeler tous les Français des Occitans 🙂 .
Mon petit vélo violet est un vélo de ville avec seulement 3 vitesses, mais tout est possible avec un brin de volonté ! Le sac à dos sur les épaules, les mains sur le guidon, je traverse de petits villages bucoliques, des champs plats, et progresse de pistes cyclables en pistes cyclables. Je parviens à dénicher quelques moulins et des champs de tulipes en train d’être travaillés (les jolies fleurs multicolores ne fleuriront pas avant avril). Enfin, je passe la nuit à la belle étoile près d’une plage et rentre le lendemain avec 200km dans les mollets.
L’art au coeur d’Amsterdam
Amsterdam a beaucoup à offrir, notamment d’un point de vue artistique, et il y en a pour tous les goûts ! Si vous vous rendez au nord de la ville, vous traverserez le canal de la mer du Nord dans lequel ce jette l’Amstel. C’est lui qui a donné son nom à la ville d’Amsterdam (qui signifie littéralement la digue sur l’Amstel). Au lieu d’y avoir construit un pont, la municipalité met à disposition des navettes gratuites pour se rendre dans le nord d’Amsterdam. Là-bas, les immenses entrepôts de l’ancien chantier naval servent de refuges aux artistes qui exposent leurs oeuvres diverses et variées. On trouve également dans ce quartier de nombreux marchés aux puces.
Plus traditionnels, le Rijksmuseum ou le Van Gogh Museum abritent de magnifiques chefs-d’oeuvre dont la Ronde de nuit, La Laitière ou l’Autoportrait au chapeau de feutre . Je me suis surpris moi même à passer des heures dans ces musées. Les toiles étant à la fois un puissant témoignage de notre passé, mais aussi une douce mélodie poétique pour celui qui sait bien observer.
Toujours aussi passionnants tes récits. Nous espérons que le travail de stage était aussi intéressant. Cela montre qu’il n’est parfois pas besoin d’aller très loin pour trouver de beaux paysages, des coutumes et des rencontres différentes des nôtres et d’en tirer partie. Espérons que la comparaison avec la mentalité et la vie française ne sont pas en notre défaveur…
Amitiés de retraités confinés de Chaville.
Pas banal de voir un ingénieur aussi habile de sa plume au point de donner envie de se rendre où il est passé. Merci Tim.
Jean-Luc & Dany